FAQ du futur interne

Quand il s’agit de Santé Publique, un certain nombre de questions reviennent fréquemment : débouchés, salaires, place de la clinique… Voici quelques éléments de réponses !

La Santé Publique, c’est quoi ?

La santé publique est une discipline transversale, à l’interface entre la médecine, la recherche clinique, l’épidémiologie, l’économie, la politique, la santé internationale, l’informatique médicale, l’environnement, les sciences humaines et sociales, le droit, l’éthique, etc…
Comme son nom l’indique, la santé publique s’intéresse à la santé de toute la population !

Le DES de santé publique a pour objectifs de former des médecins à une approche collective des problèmes de santé, capables d’apporter une expertise médicale aux questions posées en termes de santé des populations et de contribuer à l’argumentation des politiques sanitaires. Les médecins de santé publique utilisent leurs compétences diagnostiques et thérapeutiques dans une approche de prévention individuelle.
Les médecins de santé publique exercent dans des contextes variés : à l’hôpital dans les domaines de la gestion de l’information de santé, de la recherche clinique ou de la gestion de la qualité et de la sécurité des soins ; dans les services de l’Etat, des collectivités territoriales ou de l’assurance maladie ; dans des laboratoires de recherche ; dans les agences nationales ou régionales intervenant dans le champ de la santé ; dans les services de recherche et développement de l’industrie du médicament, des dispositifs médicaux ou des innovations pour la santé ; dans des structures de promotion de la santé ; dans les services orientés vers la prévention des risques individuels et collectifs

Plus de détails sur cette spécialité

J’ai du mal à voir les débouchés en Santé Publique…

Il est normal, lorsqu’on est extérieur à cette spécialité, d’y voir flou. En étant médecin de santé publique on peut faire énormément de choses. Les champs d’activité sont très variés (recherche, prévention, administration de la santé, politiques de santé, PMSI et j’en passe) tout comme les modes d’exercice (salariés de l’hôpital public, de l’administration, d’agences d’état, salariés dans le privés, dans des ONG, chercheurs, etc…).

Il est donc parfois difficile d’y voir clair dans tout cela.

S’il est compliqué d’avoir une vision complète de tous les médecins de santé publique qui exercent en France, on peut s’appuyer sur des données issues de deux enquêtes pour s’en faire une idée :

  • Ainsi, une étude parue en 2007 et disponible sur le site du Cairn offre une approche chiffrée des champs d’activités des professionnels du secteur. Elle nous offre également une vision du statut des médecins de santé publique.
  • Une étude plus récente parue en 2018 dresse un nouveau portrait des anciens internes de santé publique. On apprend ainsi que l’épidémiologie, la recherche clinique et les biostatistiques sont pratiqués par plus d’un tiers des répondants. Viennent ensuite l’information médicale, exercée par environ un cinquième des intéressés, puis les politiques de santé et l’organisation des soins, qui concernent un sixième des réponses.

Il est à noter que même si ces quelques domaines d’activités sont majoritaires, on retrouve des médecins de santé publique exerçant plus où moins partout, que ce soit dans la médecine légale, le handicap, la nutrition, la précarité, les populations déplacées, la gestion documentaire, etc…

La partie offres d’emploi de ce site permet également de se faire une idée des propositions de travail auxquelles nous sommes susceptibles de correspondre, ainsi que des domaines les plus recherchés sur le marché de l’emploi.

Y a-t-il du boulot en santé publique ?

Oui, absolument.

Rien qu’à regarder les offres postées régulièrement sur le site du CLiSP, il existe des offres variées dans la plupart des régions de France métropolitaine et d’outre mer ! Du fait de nombre de postes non pourvus chaque année malgré la demande et de la reconnaissance graduelle de l’utilité des médecins de santé publique dans de nombreux domaines de la santé, on assiste à une pénurie des médecins de santé publique en France. Dans l’enquête réalisée en 2018 sur les anciens internes de santé publique en France, plus de 80% des internes avaient trouvé un emploi en moins d’un mois après la fin du DES.

Serait-il possible d’avoir des témoignages ou des avis sur la spécialité ?

Le bulletin, une publication trimestrielle du CLiSP, contient des entretiens dans lesquels des internes de santé publique ou d’anciens internes de la spé parlent de leur formation, de leur cursus et du métier qu’ils exercent.

Pour consulter ces bulletins

Plus spécifiquement, vous pouvez consulter les articles du bulletins faisant référence à certains médecins de santé publique.

Quid des salaires ?

Ils dépendent de l’orientation prise et du travail choisi. Il y a donc une grande variabilité, et le salaire ne sera pas le même que vous travailliez dans une ONG ou pour une industrie pharmaceutique.

Ce que l’on peut dire néanmoins c’est que si vous êtes dans l’hôpital publique (PH ou carrière hospitalo-universitaire), alors vos salaires suivent une grille publique commune avec toutes les autres spécialités. Dans les carrières de l’administration publique aussi ces grilles de salaires sont fixes et publiques.

Dans le privé cela va dépendre de votre expérience et de vos talents de négociateurs lors de votre entretien d’embauche!

Quelles sont les différences avec les autres spécialités ?

Premièrement, la santé publique s’intéresse à la santé d’un point de vue populationnel. Cela va se traduire par :

  • Un contact plus restreint avec les patients (même s’il est possible de garder une activité clinique pendant l’internat et tout au long de sa carrière) ;
  • Des méthodes d’analyses et de prises de décisions différentes de celles utilisées en clinique ;
  • Une moindre reconnaissance immédiate (les patients ne vous disent pas merci à la fin de la consultation…)

L’organisation du travail est elle aussi différente des médecins des autres spécialités. En effet, les journées ne sont pas contraintes par les rendez-vous successifs avec les patients. Cela se traduit par :

  • Des projets s’inscrivant dans la durée ;
  • Des travaux où on a le temps d’avoir une réflexion plus approfondie ;

Une routine potentiellement moins importante.

Quelles compétences un·e futur·e interne de Santé Publique doit-il·elle acquérir ?

Tout va dépendre de l’orientation choisie au sein de la spécialité. La santé publique c’est très large, les connaissances et compétences varient selon le champ d’action vers lequel on finit par s’orienter :

  • Si tu veux t’orienter vers la recherche clinique et épidémiologique, alors il faudra maîtriser les biostats, les outils informatiques, la méthodologie, la réglementation, etc…
  • Si ce qui te branche c’est la prévention/promotion de la santé, les talents à acquérir seront plus de l’ordre de la sociologie, la communication, la gestion de projets, etc…
  • Si c’est l’administration/politiques de santé qui te plaisent, alors communication, diplomatie, connaissances législatives et économiques seront tes alliées.
  • Si la médico-économie t’attire, alors il faudra connaitre les stats, l’économie, la législation, etc…
  • Si c’est plutôt le PMSI/DIM, alors il faudra connaître les règles de codages, l’économie de la santé, etc…

En fait, il n’y a pas de profil type de compétences à acquérir pendant l’internat. Tout va dépendre de vers quoi tu vas tendre, en fonction des stages vers lesquels tu es naturellement attiré.

Le trio gagnant des compétences universelles à tout médecin de santé publique sont probablement l’esprit d’analyse, de synthèse et de communication. Un médecin de santé publique aime résoudre des problèmes à l’interface entre plusieurs domaines !

Est-il possible de garder une activité clinique en SP ?

Oui c’est tout à fait possible. Durant l’internat il existe de nombreuses possibilités de stages incluant une partie clinique :

  • Centre Gratuit d’Information de Dépistage et Diagnostic des IST (CeGIDD) et centres de dépistages
  • Protection Maternelle et Infantile (PMI)
  • Permanence d’Accès aux Soins de Santé (PASS)
  • Service Universitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SUMPPS)
  • Centre d’Examens de Santé de la sécurité sociale (CESAM) et Institut Interrégional pour la Santé (UC-IRSA)
  • Médecine scolaire
  • Médecine en milieu carcéral
  • Praticien conseil à l’Assurance maladie

Il y a également durant l’internat la possibilité de faire des stages de clinique dans certaines villes, des stages en hors filières, des Formations Spécialisées Transversales (FST), des Diplômes Universitaires (DU)… Ainsi que la possibilité de faire des gardes !

Après l’internat, tu trouveras la possibilité d’exercer comme médecin de CeGIDD, médecin directeur de PMI, médecin scolaire, médecin universitaire, praticien conseil de l’assurance maladie, etc…

De plus, les vacations de missions de service public sont une possibilité !

Quelle est la meilleure ville pour l’internat de SP ?

Difficile de répondre sans être chauvin !

Cela va dépendre de tes préférences, des critères que tu juges le plus important : qualité des cours de DES? Terrains de stage? Nécessité de faire des gardes? Masters de qualité? Météo?

En effet il y a pas mal de critères à prendre en compte et à pondérer selon ton profil ! De part son histoire et sa culture de la santé publique, chaque ville dispose d’une orientation plus marquée pour certains champs de la SP (ex : Toulouse pour les inégalités sociales de santé, Grenoble pour la santé environnementale, Lille pour l’informatique médicale, Tours pour la promotion de la santé, Paris pour les instances et autorités, Bordeaux avec l’ISPED, Rennes avec l’EHESP, Nancy avec l’école de SP…) . Cependant quelques subdivisions proposent des terrains de stage plus variés que d’autres et sont généralement les plus prisées.

Certaines villes obligent l’interne à faire des gardes, certaines villes proposent des cours, d’autres non. Certaines villes possèdent des masters, d’autres non.

A toi te créer ta propre grille de priorités puis de te manifester auprès des internes référents des villes (dont tu trouveras le contact sur le site de chaque subdivision) ou encore mieux : de te rendre aux apéros-infos proposés durant l’été et se poursuivant parfois jusqu’à la rentrée ! Pour avoir tout le détail des caractéristiques des subdivisions et t’aider à faire ton choix, tu peux te référer à la rubrique villes de ce site.

Faire un master est-il obligatoire en santé publique ?

Concernant les masters 1 :

Même si le master 1 n’est pas considéré comme obligatoire dans les textes de lois, avoir un master est devenu incontournable ! Ne pas en avoir est même une potentielle source d’invalidation dans certaines subdivisions.
Attention donc à bien se renseigner auprès de l’équipe encadrante (voire “validante”) de ta subdivision DES afin d’être très au clair avec les professeurs qui seront chargés de te valider le jour venu !

Depuis la réforme, différents médecins et professeur en SP ont publié sur la plateforme SIDES-NG des cours sous forme de vidéos sur tout le programme du DES de Santé Publique. Même si actuellement la qualité et la régularité de parution peut être variable on sent que cela tend à recouvrir le programme pédagogique d’un master 1.

 

Concernant les masters 2 :

Un master 2 est actuellement le moyen le plus évident pour nous “professionnaliser”. Dans une étude sur les anciens internes de SP réalisée en 2018, nous retrouvons que 88% des ISP sont détenteurs d’au moins un M2. Il existe aussi des masters 2 dits “de recherche” qui ont l’objectif de réaliser un travail scientifique original et qui peut être un premier pas vers une thèse scientifique.
Pour chercher les masters 2 proposés dans chaque division, c’est par ici.

 

 

Depuis la réforme, les internes ont la possibilité de réaliser une option ou une Formation Spécifique Transversale. Rajoutant un an supplémentaire à l’internat, elles ont pour objectifs de remplacer, à terme, le suivi d’un master durant le DES.

Pourquoi la santé publique est-elle si peu dotée aux ECN ?

Pourquoi dit-on que ceux qui choisissent Santé Publique sont souvent mal classés?

Pour faire simple, la spécialité santé publique souffre d’une vision peu avantageuse dans l’imaginaire populaire des médecins et des étudiants. On peut également constater que le rang moyen à l’ECN des internes qui choisissent directement la santé publique est plus loin que de celui des autres spécialités médicales.

En se penchant sur la question, on peut trouver plusieurs explications à cela :

1) L’absence d’une série américaine sur l’internat de santé publique ?

2) Plus sérieusement, la rareté des Universités qui proposent à leurs externes des stages en santé publique ne permet pas à l’étudiant de susciter des vocations. Dans une spécialité où les projet sont souvent à long terme, il est difficile de concilier la temporalité des stages d’externat (changements tous les 2 ou 3 mois) avec l’exercice complexe des médecin de santé publique.

3) Si tu n’as pas eu l’opportunité (ou la curiosité) d’échanger avec des médecins de santé publique, tu les a probablement rencontré qu’en cours de biostat en P1 ou de réglementation/législation en D4. Et, il faut bien le dire, ce ne sont pas toujours les cours les plus sexy

4) Les étudiants qui veulent faire cette spécialité n’ont pas la pression de la performance à l’ECN car les postes sont rarement tous pourvus. De fait, ce n’est pas une filière aussi sélective que certaines spés d’organes. La concurrence est moins féroce, ce qui ne te force pas à bachoter juste avant les concours mais te laisse plutôt travailler à ton rythme (intelligemment), sans vouloir finir mieux classés que les autres.

5) Les répartitions des postes d’internes décidées par l’ONDPS ne sont pas toujours affriolantes. Dans certaines villes, comme à Brest, où il n’y a qu’un poste ouvert en 2019 pour zéro interne déjà en poste, cela ne fait pas forcément rêver de tenter l’aventure en solo…

Notons cependant qu’en 2019, un interne très bien classé aux ECN (top 100) a choisi Santé Publique et contredit une nouvelle fois les idées toutes faites sur notre spé.

Il explique les raisons de son choix dans un entretien publié sur egora.fr.

Faut-il des prérequis en LCA ou en biostatistiques avant de commencer son internat?

La formation de l’interne suit une croissance (exponentielle) tout au long de l’internat. Il n’est pas nécessaire de se former avant la prise de fonction mais libre à toi de cultiver ta curiosité en feuilletant les onglets de la rubrique “Ressource”  et les articles d’ISP dans les Bulletins ou encore en suivant les Actualités  via notre NL…

Beaucoup de ressources différentes te seront utiles pour maîtriser les diverses compétences dont relèvent les internes de santé publique : les cours de DES, les cours sur la plateforme SIDES, les MOOC, les masters, les suivis de travaux (thèses) d’autres internes, l’apprentissage sur le terrain en stage ou encore dans des missions associatives…

Pas besoin donc de passer son (meilleur) été à réviser les biais épidémiologiques ou lois de Student!