RESUME

CONTEXTE

Les recommandations actuelles en matière de prévention de la transmission mère-enfant du VIH
préconisent de traiter toutes les femmes pendant la grossesse en visant l’indétectabilité de la
charge virale à l’accouchement. Avec les seuils de détection actuels, cela revient à avoir une
charge virale inférieure à 50 copies/ml à l’accouchement. Or les femmes qui initient un traitement
pendant la grossesse ont une durée médiane de traitement de 3 mois alors qu’en dehors de la
grossesse l’objectif de 50 copies/ml après initiation du traitement antirétroviral est fixé à 6 mois.
Nous avons comparé la réponse au traitement antirétroviral initié pendant ou en dehors de la
grossesse.

METHODES

Les données sont issues de trois cohortes multicentriques françaises de sujets infectés par le VIH (EPF, COPANA et PRIMO). L’efficacité virologique (charge virale <50 copies/ml) à 1, 3 et 6 mois de traitement a été comparée entre les femmes initiant un premier traitement antirétroviral puissant (de type cART) en dehors de la grossesse et pendant la grossesse selon le terme gestationnel à l’initiation du traitement en semaines d’aménorrhées (SA) (<15 SA, 15-25 SA, 26-31 SA). Le traitement est initié plus tardivement pendant la grossesse lorsque le statut immuno-virologique est meilleur. Une analyse multivariée par régression logistique a permis d’ajuster sur la durée de traitement, la charge virale initiale, le nombre de CD4 initial, l’âge, l’origine géographique et la vie en couple. Les pentes de remontée des CD4 ont été comparées par des modèles linéaires mixtes.

RESULTATS

L’analyse a inclus 891 femmes naïves d’antirétroviraux. La proportion de charges virales
<50 copies/ml était plus élevée à 1 mois chez les femmes initiant le traitement entre 26 et 31 SA, mais comparable pendant et en dehors de la grossesse à 3 mois (60%) et à 6 mois (plus de 80%). Néanmoins, après ajustement sur la charge virale initiale, la proportion de charges virales
<50 copies/ml à M3 et M6 tendait à être moins élevée chez les femmes enceintes que non
enceintes. Les autres facteurs d’ajustement ne modifiaient pas les résultats.

CONCLUSION

Le facteur le plus limitant est probablement le temps imparti pour atteindre l’indétectabilité à
l’accouchement, qui est insuffisant dans les conditions de recommandations actuelles de
prévention de la transmission mère-enfant du VIH. On ne peut exclure cependant que d’autres
facteurs, notamment les effets indésirables, diminuent la réponse au traitement pendant la
grossesse.

antoine rachas_m2

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