Nous sommes tous des girondins !
Comme l’usage le veut, il me revient d’introduire ce nouveau numéro du Bulletin du CliSP publié à l’occasion de la 14ème édition du séminaire annuel national de formation des internes de santé publique (SANFI). Cette année, nous nous retrouvons tous à Bordeaux, un « très bel endroit pour écrire une belle histoire » d’après Mary Higgins Clark. Un très bel endroit, en effet, pour accueillir un séminaire de formation ne serait-ce que parce que la ville a été désignée comme la moins stressante de France en 2017. Profitons donc de ces quelques jours d’un autre rythme pour découvrir la ville, admirer ses belles bâtisses et profiter de son patrimoine gastronomique, pour nous promener sur les quais de la Gironde, flâner place des Quinconces et déambuler rue Sainte-Catherine, pour déguster un cannelé ou encore gravir la tour Pey-Berland !
Ces trois jours de formation sont pour nous tous un rendez-vous important de l’internat, un moment propice à la réflexion et aux échanges, un instant suspendu que l’on garde en mémoire. Cette année, nous sommes invités à parler de prévention. C’est là une thématique intrinsèque à notre spécialité qui peut être interrogée sous tous les angles de nos spécialisations respectives. A cette fin, l’équipe bordelaise des internes et des universitaires nous a concocté un programme aux petits oignons. Je les remercie pour toute cette énergie dépensée au bénéfice de l’ensemble des internes et tout particulièrement Kevin Ouazzani qui n’aura pas ménagé ses efforts pour coordonner tout l’ensemble. Vous trouverez dans ce 35ème numéro du Bulletin un dossier complet sur le séminaire.
La culture de prévention
Agir aujourd’hui, prévenir demain. Voilà un slogan que peut faire sien tout médecin de santé publique. En effet, parce qu’il s’adresse au plus grand nombre et qu’il cherche à préserver l’état de santé, le professionnel de santé publique se positionne résolument dans le champ de la prévention et en constitue un acteur incontournable. Toutefois, il importe de souligner certains des enjeux.
D’abord, comme affirmé par le premier titre de la Stratégie nationale de santé et précisé dans le plan national de santé publique, il doit avant tout être question de promotion de la santé. L’action sur les déterminants de la santé et la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé doivent être au premier plan des politiques publiques. Ensuite, la prévention doit s’entendre en dehors du champ sanitaire et l’effort porter sur la santé dans toutes les politiques. Enfin, la prévention doit pouvoir être financée, concrétisée puis évaluée mais aussi s’adapter aux évolutions techniques et scientifique.
Affirmer notre plus-value
Cette culture de prévention est la nôtre. Elle nous oblige également : nous devons enrichir notre pratique au regard de ces enjeux. Les différents repositionnements des spécialités médicales sur ces sujets doivent nous interroger. Comment affirmer, demain, une place prépondérante au sein d’un système de santé irrigué de prévention ?
D’ores-et-déjà, notre parole compte. En novembre dernier, le CliSP a ainsi été auditionné par le Haut conseil de la santé publique au sujet de la place des offreurs de soins dans la prévention. Fin 2017, nous avons aussi été parmi les signataires de la pétition en faveur du Nutri-score (cf. bulletin précédent). Peu de temps avant, nous avons co-signé avec l’ISNAR-IMG un des deux éditoriaux du numéro spécial du Bulletin épidémiologie hebdomadaire consacré à la vaccination des jeunes enfants. Les internes de santé publique savent être au rendez-vous.
En formation permanente !
Pour les plus jeunes d’entre nous, cette fin avril marque aussi la fin du premier stage d’internat. Même si les débuts de la réforme du troisième cycle auront pu être difficiles, nous espérons que vous n’aurez rien perdu de votre enthousiasme et de votre motivation et que vous êtes prêts à entamer votre deuxième semestre avec le dynamisme nécessaire. En tant qu’internes de phase socle, vous aurez bientôt à formaliser votre contrat de formation. Nul doute que ce séminaire, grâce aux échanges avec les enseignants et autres internes, vous sera profitable pour façonner votre orientation.
L’orientation sera également, comme chaque année, au cœur du CliSPro qui aura lieu en juin prochain. C’est un autre moment fort de l’internat, marqué notamment par le Congrès des internes de santé publique et, comme toujours, quelques surprises. D’ici là, je vous souhaite à tous un excellent séminaire bordelais.
Sylvain Gauthier, président du CliSP 2017-2018
Fin de mandat et 30 ans du CliSP : « on fait l’bilan, calmement »…
Un an déjà ! Un an c’est long mais c’est aussi court quand on voit tous les chantiers qui ont été lancés (nouvelle identité visuelle de l’association, rénovation du site internet, vidéos de médecins de santé publique) et les nouvelles problématiques, en lien avec le DES de santé publique, qui émergent (mise en œuvre de la R3C, difficulté d’accès aux M2, etc.). Nous aurons eu à cœur, à nouveau durant ce mandat, de défendre vos intérêts au plus près de vos besoins et de vos réalités, aidés de vos représentants. Ces représentants, désormais présents dans chaque subdivision, que l’on souhaite encore plus opérationnels et investis dans leur rôle de relai d’information entre vous et votre association représentative. Une association qui fête (déjà !) ses 30 ans. Nous aurons l’occasion, durant ce CliSPro, de célébrer cette date anniversaire comme il se doit, entourés de ceux, co-fondateurs, anciens présidents et membres d’honneur, qui ont œuvré ces dernières années en son sein.
Un CliSPro très « pro »
Nous avons fait le choix cette année de renommer les « Journées du CliSP » en « CliSPro » afin d’affirmer la spécificité de cette événement qui, en complémentarité d’autres évènements (SANFI, séminaires régionaux, etc.), se veut résolument tourné vers le monde professionnel. En effet, nous sommes issus d’un parcours initial où la réflexion autour de la carrière professionnelle ne prend pas toujours la même forme et n’a pas le même poids que pour nos confrère(sœur)s clinicien(ne)s. Les différents milieux dans lesquels nous évoluons et au sein desquels nous serons amenés, en tant que médecins de santé publique, à exercer nous poussent à nous questionner sur de nombreux aspects de notre carrière et à l’anticiper un tant soit peu. Il ne s’agit pas pour autant de devenir un fin stratège en la matière et de tout planifier en amont, car la santé publique est un domaine parfois imprévisible où les opportunités nécessitent une certaine souplesse, mais de prendre conscience de cette dimension afin d’optimiser son parcours et d’éviter certains écueils. Nous espérons que le programme de ce CliSPro répondra à certaines de vos attentes en la matière !
Mise en œuvre de la R3C et vigilance
On l’a dit, et on le redit, cette année aura été l’année de toutes les attentions vis à vis de la réforme du 3e cycle des études médicales. Mainte fois reportée, et toujours contestée, cette réforme entrera bien en application à la rentrée 2017. Malgré nos efforts et les avancées théoriques obtenues, en matière d’accompagnement de l’interne et de formation, nous restons préoccupés par sa mise en œuvre effective dans les subdivisions et les conséquences réelles que cette réforme aura sur votre formation. En effet, si les textes officiels, dont notre maquette, vont dans le sens de l’évolution de notre spécialité avec une ouverture sur de nombreux domaines et la reconnaissance de notre niveau d’excellence, nous veillerons à ce qu’en pratique cela n’engendre pas de difficultés pour les internes. Que ce soit des difficultés liées aux interprétations locales de la réforme, aux agréments et choix des terrains de stage, à l’offre de formation locale et nationale, à la validation des phases ou encore à l’accès et à la réalisation des FST, de l’option « administration de la santé » ou encore des diplômes complémentaires (M1 et M2, D.U, etc.), le CliSP restera vigilant et sera attentif aux informations qui nous parviendront. Il nous paraîtrait inadmissible qu’une réforme sensée apporter une amélioration de notre formation s’avère être délétère pour des internes de santé publique. En ce sens, nous avons besoin de vous pour nous tenir informé de votre réalité et des difficultés potentielles qui pourraient survenir dans ce cadre !
Nouvelle équipe gouvernementale : la santé publique « en marche » ?
« La santé publique, c’est politique ! ». Voici une phrase entendue au SANFI 2017 de Nantes qui résonne pour beaucoup d’entre nous, surtout en cette période de changement de l’équipe gouvernementale. Si nous avons évité « le pire », nous ne sommes sans doute pas au bout de nos peines en terme de santé, notamment en matière d’impact des politiques promises sur les différents déterminants de la santé et de creusement des inégalités sociales de santé. La santé aura été en bonne place des débats qui ont rythmé cette présidentielle et certains acteurs de santé publique ont saisis l’occasion pour faire entendre leur voix (positions de la FNES et de la SFSP, entres autres). Quel que soit, ou sera, notre lieu d’exercice et nos missions, le politique aura toujours un impact, direct ou indirect, sur les sujets que nous aurons à traiter. Il faut à l’inverse que nous aussi ayons une influence sur ce politique, quelle que soit l’échelle, pour assurer notre mission principale qui est de garantir et protéger la santé des populations, dans toutes ses nombreuses dimensions.
Je termine donc ce dernier édito par cette note politique, et aussi artistique (cf. plus bas), puisque qu’il faut saisir les occasions de ce genre quand elles se présentent.
Soyez passionnés ! Soyez engagés ! Soyez excellents, car le job le nécessite !
Bon CliSPro et surtout bonne continuation (et vive le CliSP) !
Laetitia Satilmis, présidente du CliSP 2016-2017