Ce bulletin est l’occasion de souhaiter la bienvenue à nos nouveaux co-internes issus des ECNi 2018. Le CLiSP est heureux de vous recevoir à l’occasion du 10ème séminaire d’accueil des nouveaux internes (SANI), une expérience toujours enrichissante pour les plus jeunes comme les moins jeunes. A ce titre, je tiens à remercier tous les internes qui se sont impliqués et qui ont travaillé dur à la construction de la 10ème édition de ce séminaire.
Ce bulletin est aussi l’occasion de réaffirmer la volonté forte du CliSP de créer du lien entre les internes de toute la France et de toutes les promotions, à travers ses divers séminaires, la représentation au sein de chaque subdivision, et la mise en place très prochainement d’un système de parrainage entre internes. Un grand merci au collège et à tous les internes impliqués sur ces différents projets, sans qui tout ceci ne serait possible.
Enfin ce bulletin est l’occasion de vous présenter notre nouveau bureau, dynamique et motivé, qui a bien l’intention de travailler dans la continuité de l’ancien, intelligemment mené par Sylvain Gautier, qu’on ne peut que remercier pour son implication à toute épreuve pour le CLiSP et l’avenir de notre spécialité.
La médecine de santé publique, un choix audacieux
Chers néo-internes,
Si vous lisez ces lignes aujourd’hui c’est que vous avez fait un choix audacieux, qui vous a sûrement tenu éveillé de longues heures le soir, à vous demander s’il était judicieux. Judicieux d’opter pour une spécialité si éloignée de tout ce que vous avez connu jusqu’à présent ?
Mais regardez autour de vous, échangez avec vos voisins, vous vous rendrez compte que vous êtes entourés de gens aux parcours de vie passionnants, ayant choisi de sortir des sentiers battus pour s’aventurer dans des voies inconnues qui reflètent leur curiosité, et qui, comme vous, espèrent que cette piste soit la bonne.
Si vous vous reconnaissez dans ces quelques lignes, rassurez-vous, vous êtes ici à votre place.
La médecine de santé publique, une spécialité enivrante mais exigeante
La santé publique est par bien des aspects enivrante : les possibilités semblent infinies et les perspectives toujours passionnantes.
On pourrait la comparer à une mer, calme, dont les vagues viennent s’échouer l’une après l’autre à vos pieds, laissant derrière elles une écume blanche, une odeur iodée et dont le simple bruit, vague après vague est apaisant.
A première vue, cette mer impressionnante de par son étendue jusqu’à l’horizon, de par sa profondeur impalpable, peut faire peur. On a du mal à y définir un chemin, ou va-t-on ? Ne va-t-on pas s’y noyer ?
Puis on baisse les yeux, et c’est là qu’on les voit, ces petites vaguelettes cassant régulièrement la ligne de l’eau pour venir nous lécher les pieds. Chaque vague apporte une nouvelle idée, une nouvelle perspective. Les combinaisons sont infinies. C’est alors qu’on croit avoir découvert le secret de la mer, qu’on se sent enivré et transporté par la beauté du paysage, et tous les possibles qu’il représente. Quel sentiment de liberté !
Mais il faut toujours se méfier de l’eau qui dort. Tout marin a appris la leçon à ses dépens. Tout comme la mer, la santé publique est exigeante, elle nécessite le développement de compétences nouvelles qui vous permettront de naviguer à travers ses eaux agitées. Et parfois, alors qu’on traverse une tempête, épuisé par les vents et la houle, on s’interroge sur le chemin à prendre pour rejoindre la côte : a-t-on fait le bon choix ?
Mais, une fois la terre ferme regagnée, le vent tombé et le calme retrouvé, on ne peut s’empêcher de contempler à nouveau, la mer, admiratif des sensations qu’elle procure et du sentiment d’appartenance que l’on ressent lorsqu’on la navigue. Appartenance à un tout, démesurément plus grand que nous, lien indescriptible avec la vie qui nous entoure.
On est tout petit devant l’immensité de la mer, mais on y est à sa place, et notre rôle est d’autant plus important que nous ne naviguons pas seul.
La médecine de santé publique, mais qu’est-ce finalement ?
Tous ces jolis mots, c’est bien, mais vous vous interrogez probablement toujours : qu’est-ce finalement que la médecine de santé publique ?
La médecine de santé publique s’évertue à prendre en compte la santé dans sa globalité, à prendre du recul sur le microcosme du soin pour voir le tableau plus complet de la santé, dans toutes ses intrications avec les autres aspects de la vie des individus et des populations.
Ceci nécessite une prise en compte de la complexité des schémas de vie. Le médecin de santé publique se retrouve donc à l’interface de deux mondes : le monde du soin et celui de la santé publique. Il est le maillon qui permet de relier ces deux paradigmes opposant l’individu à la population, la prise en charge de la maladie à la prise en compte des chemins de vie. Le médecin de santé publique est essentiel à l’articulation de ces mondes qui communiquent si peu et qui pourtant ont tellement à s’apporter.
Bienvenue dans une année charnière
Pour conclure je dirais que vous êtes aujourd’hui à l’orée d’une année charnière dans votre vie.
Année pendant laquelle vous allez découvrir de nouvelles disciplines et vous découvrir, très probablement, de nouvelles passions.
Année pendant laquelle vous allez vous sentir enivré par la liberté intellectuelle que procure l’apprentissage de la santé publique.
Mais aussi, année pendant laquelle vous allez sûrement douter de vos choix. Rassurez-vous, le doute est partie intégrante du processus. Et si vous vous interrogez, vous n’êtes sûrement pas le seul, n’hésitez pas à explorer ces doutes et à les partager.
Enfin, vous êtes à l’orée d’une année au cours de laquelle vous allez vous sentir connecté au reste du monde, à l’être humain, à l’environnement, à la vie.
En tout cas, c’est tout ce que je vous souhaite !
Bienvenue !
Sara Corbin, présidente du CliSP 2018-2019
Fin de mandat et 30 ans du CliSP : « on fait l’bilan, calmement »…
Un an déjà ! Un an c’est long mais c’est aussi court quand on voit tous les chantiers qui ont été lancés (nouvelle identité visuelle de l’association, rénovation du site internet, vidéos de médecins de santé publique) et les nouvelles problématiques, en lien avec le DES de santé publique, qui émergent (mise en œuvre de la R3C, difficulté d’accès aux M2, etc.). Nous aurons eu à cœur, à nouveau durant ce mandat, de défendre vos intérêts au plus près de vos besoins et de vos réalités, aidés de vos représentants. Ces représentants, désormais présents dans chaque subdivision, que l’on souhaite encore plus opérationnels et investis dans leur rôle de relai d’information entre vous et votre association représentative. Une association qui fête (déjà !) ses 30 ans. Nous aurons l’occasion, durant ce CliSPro, de célébrer cette date anniversaire comme il se doit, entourés de ceux, co-fondateurs, anciens présidents et membres d’honneur, qui ont œuvré ces dernières années en son sein.
Un CliSPro très « pro »
Nous avons fait le choix cette année de renommer les « Journées du CliSP » en « CliSPro » afin d’affirmer la spécificité de cette événement qui, en complémentarité d’autres évènements (SANFI, séminaires régionaux, etc.), se veut résolument tourné vers le monde professionnel. En effet, nous sommes issus d’un parcours initial où la réflexion autour de la carrière professionnelle ne prend pas toujours la même forme et n’a pas le même poids que pour nos confrère(sœur)s clinicien(ne)s. Les différents milieux dans lesquels nous évoluons et au sein desquels nous serons amenés, en tant que médecins de santé publique, à exercer nous poussent à nous questionner sur de nombreux aspects de notre carrière et à l’anticiper un tant soit peu. Il ne s’agit pas pour autant de devenir un fin stratège en la matière et de tout planifier en amont, car la santé publique est un domaine parfois imprévisible où les opportunités nécessitent une certaine souplesse, mais de prendre conscience de cette dimension afin d’optimiser son parcours et d’éviter certains écueils. Nous espérons que le programme de ce CliSPro répondra à certaines de vos attentes en la matière !
Mise en œuvre de la R3C et vigilance
On l’a dit, et on le redit, cette année aura été l’année de toutes les attentions vis à vis de la réforme du 3e cycle des études médicales. Mainte fois reportée, et toujours contestée, cette réforme entrera bien en application à la rentrée 2017. Malgré nos efforts et les avancées théoriques obtenues, en matière d’accompagnement de l’interne et de formation, nous restons préoccupés par sa mise en œuvre effective dans les subdivisions et les conséquences réelles que cette réforme aura sur votre formation. En effet, si les textes officiels, dont notre maquette, vont dans le sens de l’évolution de notre spécialité avec une ouverture sur de nombreux domaines et la reconnaissance de notre niveau d’excellence, nous veillerons à ce qu’en pratique cela n’engendre pas de difficultés pour les internes. Que ce soit des difficultés liées aux interprétations locales de la réforme, aux agréments et choix des terrains de stage, à l’offre de formation locale et nationale, à la validation des phases ou encore à l’accès et à la réalisation des FST, de l’option « administration de la santé » ou encore des diplômes complémentaires (M1 et M2, D.U, etc.), le CliSP restera vigilant et sera attentif aux informations qui nous parviendront. Il nous paraîtrait inadmissible qu’une réforme sensée apporter une amélioration de notre formation s’avère être délétère pour des internes de santé publique. En ce sens, nous avons besoin de vous pour nous tenir informé de votre réalité et des difficultés potentielles qui pourraient survenir dans ce cadre !
Nouvelle équipe gouvernementale : la santé publique « en marche » ?
« La santé publique, c’est politique ! ». Voici une phrase entendue au SANFI 2017 de Nantes qui résonne pour beaucoup d’entre nous, surtout en cette période de changement de l’équipe gouvernementale. Si nous avons évité « le pire », nous ne sommes sans doute pas au bout de nos peines en terme de santé, notamment en matière d’impact des politiques promises sur les différents déterminants de la santé et de creusement des inégalités sociales de santé. La santé aura été en bonne place des débats qui ont rythmé cette présidentielle et certains acteurs de santé publique ont saisis l’occasion pour faire entendre leur voix (positions de la FNES et de la SFSP, entres autres). Quel que soit, ou sera, notre lieu d’exercice et nos missions, le politique aura toujours un impact, direct ou indirect, sur les sujets que nous aurons à traiter. Il faut à l’inverse que nous aussi ayons une influence sur ce politique, quelle que soit l’échelle, pour assurer notre mission principale qui est de garantir et protéger la santé des populations, dans toutes ses nombreuses dimensions.
Je termine donc ce dernier édito par cette note politique, et aussi artistique (cf. plus bas), puisque qu’il faut saisir les occasions de ce genre quand elles se présentent.
Soyez passionnés ! Soyez engagés ! Soyez excellents, car le job le nécessite !
Bon CliSPro et surtout bonne continuation (et vive le CliSP) !
Laetitia Satilmis, présidente du CliSP 2016-2017