Un stage de master 2 à la Technische Universität Berlin

Paul NeveuxEn 2014, j’ai intégré le Master of Public Health de l’EHESP (Ecoles des Hautes Etudes en Santé Publique) où les cours sont délivrés en anglais dans un environnement très international. La maquette inclue quatre mois de cours à temps plein et un stage à réaliser dans la structure de notre choix, sous réserve d’acceptation par la directrice du master.

Dans un premier temps, j’ai démarché différentes structures d’accueil faisant partie du réseau de l’école, mais sans succès.

C’est finalement lors d’un cours sur la rémunération de l’activité hospitalière et les GHM (Groupes Homogènes de Malades) en Europe que j’ai rencontré Wilm Quentin de l’unité Management de la santé de la Technische Universität à Berlin. Je l’ai sollicité à la fin de son intervention en vue d’effectuer mon stage de master dans son unité.

Mes objectifs en partant à Berlin étaient simples. Je voulais intégrer une équipe de recherche appliquée pour explorer cet aspect de la santé publique que je connaissais peu et pourquoi pas par la suite enchaîner sur une thèse ; mettre à l’épreuve mes capacités à évoluer dans un environnement international ; interagir au quotidien en anglais et/ou allemand, et enfin, profiter des joies de la vie berlinoise !

Déroulement du stage

A mon arrivée à Berlin, avec mon tuteur, nous avons précisé mon sujet de mémoire : L’évaluation de la fraude déclarative des professionnels de santé (majoritairement médecins). Durant le stage, j’ai réalisé des activités variées :

  • Dans le cadre de mon mémoire de master : revue de la littérature, rédaction d’un questionnaire, réalisation d’entretien par téléphone ou en face à face auprès d’instances publiques ou d’entreprises s’intéressant à la fraude déclarative en Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni, Suède, Suisse) et restitution des données.
  • Organisation logistique d’un séminaire à la Technische Universität sur la réforme de la protection sociale en Allemagne.
  • Participation à différents enseignements notamment sur l’évaluation des technologies de santé en Allemagne, politique de prévention en santé publique et mobile health dans les pays en développement, systèmes d’incitation et de rémunération des hôpitaux et leur impact sur la qualité et la rentabilité de la prestation de services.

Pendant mon stage, je me suis heurté à quelques difficultés. D’une part, mon travail de mémoire a été rendu difficile d’une part du fait d’un manque d’encadrement, en effet, mon tuteur est parti en congé paternité pendant quatre mois. Cependant, j’ai pu bénéficier de l’encadrement des autres chercheurs de l’unité et de leurs points de vue pour mener tout de même ce projet à terme. D’autre part, j’ai été confronté à une grande réticence des personnes interrogées à s’exprimer la gestion de la fraude déclarative des professionnels de santé dans leurs pays respectifs.

Au final, le rendu a pris la forme d’une revue de la littérature plutôt qu’une réelle analyse qualitative mais m’a permis d’étudier la thématique en profondeur et d’établir une grille d’analyse exhaustive.

Aspects logistiques

Sur le plan administratif, la mise en place de la convention de stage a été relativement simple : j’avais eu la chance de rencontrer l’un des membres de l’unité Management de la santé de la Technische Universität et nous avions eu un excellent contact. De ce fait, l’accord de principe de la Technische Universität a été validé rapidement après une entrevue par Skype avec le directeur de l’unité. Ensuite, les agréments ont transité entre l’EHESP et la Technische Universität relativement facilement. Je souhaite d’ailleurs évoquer le soutien remarquable offert par le service scolarité de l’EHESP qui m’a assisté dans toutes mes démarches, dont les conventions de stage rédigées en anglais, et qui m’a aiguillé pour l’obtention de bourses (Erasmus Plus et région Bretagne, dont dépend l’EHESP, au total environ 1000 euros).

Concernant la vie sur place, le parcours a été semé d’embûches pour plusieurs raisons :

  • Tout d’abord la rémunération offerte par la Technische Universität était relativement faible (430 euros par mois) car le stage ne rentrait pas dans les critères permettant l’attribution d’une rémunération d’apprenti (durée minimale de six mois). Il a fallu faire avec, mais heureusement, Berlin est une ville accueillante pour les petits budgets.
  • Trouver un logement là-bas, et notamment pour une durée déterminée et courte, relève du calvaire. Il existe plusieurs sites de petites annonces mais dès qu’une nouvelle chambre dans une colocation est à pourvoir, plusieurs dizaines de personnes se manifestent. Il est alors impossible de faire la différence, surtout quand on n’est pas sur place. C’est finalement par l’intermédiaire d’amis d’amis que j’ai décroché une chambre dans une colocation, et ce seulement dix jours avant mon arrivée.

Apports du stage

Au final l’apport de ce stage a été bien plus conséquent qu’attendu.

Tout d’abord il m’a permis de constater que bien qu’intellectuellement attiré par le monde de la recherche, je n’étais pas épanoui au quotidien dans cette position, notamment en raison d’une temporalité trop lente. Je suis quelqu’un d’assez dynamique par nature et j’ai besoin que les choses changent en permanence. Travailler sur un projet de long cours n’est donc pas fait pour moi.

La diversité de parcours des personnes avec qui j’ai travaillé (ingénieurs, économistes, médecins, politologues) m’a permis de m’ouvrir de nouvelles perspectives, et j’ai pu apprécier l’intérêt d’une approche pluridisciplinaire pour résoudre au mieux les problèmes.

Plus personnellement, ce stage m’a rassuré sur mes capacités à évoluer dans un environnement international, et surtout a renforcé mon envie de trouver un emploi au mieux à l’étranger, sinon dans un contexte multiculturel.

Concernant mon employabilité, je pense que ce stage à Berlin a été bénéfique à deux titres. Il donne un caractère spécifique à mon CV et témoigne aussi d’une certaine flexibilité et adaptabilité, qualité appréciée dans le monde du travail notamment pour prétendre à un emploi à l’étranger.

Conclusion

Globalement, cette expérience a été très enrichissante. Elle m’a permis d’explorer la recherche appliquée et de prendre conscience que ce n’était pas la voie que je souhaitais poursuivre, et m’a conforté dans mon envie de partir travailler à l’étranger. A tous les internes qui s’interrogent, je dirais que l’expérience est toujours un plus, à la fois pour le parcours universitaire mais aussi pour la recherche d’emploi par la suite. Les quelques conseils que j’aurais dans cette perspective sont :

  • Etre proactif dans la recherche du stage et ne pas hésiter à solliciter une entrevue téléphonique ou par Skype pour prendre contact avec les responsables de structure afin de discuter plus facilement.
  • Etablir un budget réaliste si le stage ne rentre pas dans le cadre d’un interCHU et n’hésitez pas à frapper aux portes des pourvoyeurs de subvention ou des banques. Ne laissez pas une question d’argent entraver un projet professionnel qui vous tient à cœur!

Quatre ans après ce stage, j’ai fini mon internat de santé publique et je travaille comme consultant pour l’industrie pharmaceutique à Paris, mais je ne désespère pas de m’expatrier bientôt. Si cette partie du récit vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter !

Paul Neveux, médecin de santé publique à Paris