Réforme du troisième cycle médicale, une occasion de dépoussiérer la discipline

François Krabansky, Président du Clisp.

La date de parution des textes pour la mise en place de la réforme du troisième cycle des études médicales approche à grands pas. En effet, celle-ci est prévue pour la rentrée 2016 et application en 2017. Les spécialités ont remis leurs maquettes définissant les stages, les connaissances et compétences à acquérir à chaque phase à la commission en charge de la réforme. Il existe trois phases, une phase socle d’un an, une phase d’approfondissement de deux ans et une phase de mise en situation d’un an. Cette organisation doit permettre une progression dans le parcours avec une concertation entre enseignants et internes autour d’un projet pédagogique qui sera adapté à la formation nécessaire en fonction de la carrière visée.

L’élaboration de cette maquette a été l’occasion de repenser la formation théorique. Des travaux sont en cours afin de mettre en place une plateforme de e-learning accessible à tous les internes de santé publique permettant un accès unifié dans toute la France. Une belle avancée, certes, ne reste qu’à savoir quand elle sera disponible. Du côté des changements, une option donnant accès à une formation spécifique permettant l’accès aux administrations a été créée. Les modalités de cette option ne sont pas encore toutes établies, mais elle devrait permettre d’aboutir à un statut d’agent de la fonction publique à l’issue de l’internat ouvrant des possibilités de carrières dans les agences centrales et territoriales.

Cette première maquette, fruit d’un travail en concertation entre enseignants et internes, n’est certainement qu’une copie encore imparfaite de ce que devrait être la formation en santé publique. Mais la réforme prévoit que les maquettes soient révisables chaque année afin qu’elles puissent suivre l’évolution de l’exercice et prendre en compte les difficultés rencontrées avec les versions précédentes. Ce sera aux plus jeunes d’entre nous de se faire entendre auprès des institutions pour que la formation corresponde à leur vision de ce que devra devenir le métier de médecin de santé publique.

Des travaux en concertation, source de progression de la pensée et d’évolution de la formation

Depuis novembre dernier, un conseil national pédagogique a été créé, rassemblant les représentants des collèges enseignants et du CliSP. Ce conseil a permis de rétablir un dialogue plus étroit entre enseignants et internes. Il donne l’occasion de partager les points de vue sur l’exercice de la santé publique et la formation des internes de santé publique. Des points de vue divergeant apparaissent sur certains aspects de la pratique et du devenir de la spécialité et sont source de débats salutaires pour la progression de la pensée sur la formation.

Au-delà de la rédaction de la maquette et de la révision du référentiel de formation, ce conseil pédagogique a été l’occasion de créer des groupes de travail ayant pour thèmes des enjeux de formation, tels que les stages, la formation théorique et le e-learning ou encore la simulation. Il est indispensable que ces groupes continuent à travailler après la parution de la réforme pour adapter la formation à une discipline en perpétuelle évolution.

A l’heure actuelle, il n’est plus pensable d’améliorer la formation de la santé publique avec des décisions descendantes, unilatérales et imposées. Une collaboration, qui n’en est qu’à son commencement avec la création du conseil national pédagogique et ses groupes de travail, devra s’intensifier, les échanges d’informations devront être systématiques entre enseignants et internes si l’on veut permettre une évolution et surtout un avenir à notre discipline.

La formation d’aujourd’hui pour la pratique de demain

Les acteurs de santé publique de demain se forment aujourd’hui. Cette phrase, bien qu’évidente, implique aussi que si l’on souhaite développer de nouvelles pratiques en santé publique, il faut que les internes y soit formé au cours de l’internat. Hélas, pour le moment, les décisions concernant l’organisation du DES se focalisent trop sur l’exercice actuel des médecins de santé publique et beaucoup trop par le prisme hospitalo-universitaire.

Alors que la demande des institutions, des agences et des établissements en France et dans le monde se diversifient et appellent à de nouvelles pratiques qui concordent avec les souhaits des internes, la formation prévue par le DES actuel ne permet pas d’y répondre. Des formations complémentaires, souvent mal fléchées et peu visibles sont nécessaires pour diversifier les qualifications dans des secteurs à fort potentiel de recrutement et souvent pour des postes à hautes responsabilités.

C’est à nous, futurs acteurs du monde de la santé, de montrer notre motivation à initier le changement. C’est à nous de montrer aux futures générations de médecins de santé publique qu’il est possible de devenir des références dans le monde de la santé.