Le Pr Jérôme Salomon, actuel Directeur Générale de la Santé au Ministère de la Santé et des Solidarités et notamment sur le front depuis le début de la crise Covid-19, nous a fait la surprise de prendre le temps d’accueillir la nouvelle promotion d’internes de santé publique personnellement dans une vidéo enregistrée le jour même et diffusée au internes pendant la présentation de leurs collègues en stage au Centre de Crise Sanitaire au SANI 2020 :

Ce texte en est la retranscription :

« Bonjour à toutes et tous,

Je suis très heureux et fier de m’adresser à vous – sans masque parce que je suis très loin des personnes qui sont présentes dans cette pièce – et en tant qu’ancien interne de santé publique, président du Spi, membre du CLiSP puis président du Syndicat national des spécialistes de santé publique.

Mon parcours est long car je suis un très ancien interne : promotion 1993. DEA de santé publique, DES de Santé Publique, doctorat de médecine sur les risques liés au prions, puis DESC de maladies infectieuses, j’ai une thèse de doctorat en épidémiologie, j’ai eu la chance de bénéficier d’un contrat d’interface Inserm et de passer 4 ans à l’Institut Pasteur chez Didier Guillemot puis à la tête du réseau international des Instituts Pasteur. Un parcours long et mixte avec des stages de santé publique et des stages de maladies infectieuses et tropicales, un internat riche dont un premier semestre à la Direction générale de la santé – ironie de l’histoire – et un clinicat en maladies infectieuses, un poste de praticien hospitalier en santé publique puis de professeur des universités en maladies infectieuses.

J’ai eu la chance aussi de présider le CLIN, le Comité de lutte contre les infections nosocomiales dans un CHU et d’avoir plusieurs expériences de cabinet ministériels puis 3 années passionnantes au Conservatoire national des arts et métiers avec William Dab comme enseignant en hygiène et en sécurité. Je suis Directeur général de la santé depuis janvier 2018, ai beaucoup œuvré pour la santé publique, la sécurité sanitaire, la santé environnementale et des produits de santé, la promotion de la santé, l’éducation en santé, la lutte contre les inégalités sociales, territoriales et d’accès à l’information en santé qui sont des grandes inégalités sur le territoire français.

La Direction générale de la santé ce sont des centaines de femmes et d’hommes, formidables, engagés, passionnés ; ce sont aussi des liens étroits et quotidiens avec les Agences régionales de santé, la Direction générale de l’offre de soins, la Direction générale de la cohésion sociale et la Direction de la sécurité sociale.

C’est aussi la tutelle de nombreuses agences : l’Agence nationale de sécurité du médicament, l’Agence de la biomédecine, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (l’Anses), l’Institut du cancer, l’Établissement français du sang et Santé publique France.

La crise de la COVID–19 est toujours en cours, c’est une pandémie historique, la plus sévère depuis la grippe espagnole avec déjà plus d’un million de morts dans le monde, 32 000 décès en France, plus de 500 000 cas confirmés, plus de 7 200 malades graves au pic en réanimation en avril et déjà plus de 1 200 aujourd’hui. C’est un phénomène inédit, massif, brutal, mondial avec des confinements, des drames, des patients graves, des évacuations sanitaires massives dans notre pays, des enjeux de logistique ; mais aussi de formidables avancées en télémédecine, en épidémiologie, en hygiène, en modélisation mathématique. Nous avons eu la chance d’avoir de nombreux internes de santé publique en renfort pendant toute la crise et ils ont été fabuleux, totalement mobilisés, innovants, créatifs, compétents, restant très tard le soir et revenant le week-end ; réalisant des prouesses en gestion de données complexes, s’investissant sur le contact tracing, menant des investigations de clusters critiques, préparant des dossiers majeurs pour les plus hautes autorités de l’État ainsi que des communications très importantes pour les Français.

J’ai été et je suis toujours très fier d’eux. Je me souviens avoir été critiqué lors de mon choix de santé publique à l’internat. Nombre de mes professeurs et de mes collègues ne savaient pas ce qu’était cette discipline. Pourtant, aux États-Unis déjà, les meilleurs choisissaient cette spécialité en premier. Lors de ma première année, j’étais inquiet, découvrant de nouveau champs, de nouvelles façons de travailler, ne comprenant pas très bien comment procéder. Puis tout s’est éclairci petit à petit, les infectiologues étaient intéressés par mes connaissances en épidémiologie et en santé publique et les spécialistes de santé publique et d’épidémiologie enrichis par mon expérience clinique.

La santé publique est bien plus qu’une spécialité, c’est s’engager sur l’ensemble des déterminants qui conditionnent la santé des populations, s’intéresser donc à l’ensemble de la population avec toutes les approches disponibles : économie, droit de la santé, information, promotion de la santé, biostatistiques, politiques de santé, épidémiologie, santé publique en ville comme santé publique hospitalière – et j’en passe. Tout est passionnant et fascinant. Un seul conseil donc foncez vous ne le regretterez pas car votre parcours ne peut être que passionnant et vous serez toujours profondément utiles.

Je vous souhaite un excellent début d’internat, appuyez-vous sur vos aînés de quelques années voire d’un peu plus. La communauté des spécialistes santé publique est riche, diversifiée et adore enseigner et transmettre. Tous mes vœux de réussite à toutes et tous. Et au plaisir de vous rencontrer en vrai après cette période si particulière. En tout cas n’hésitez pas à choisir des stages au ministère de la santé.

Je vous remercie »

C’est nous qui le remercions !