Dans un rapport en décembre 2020, l’Assurance Maladie livre les premiers résultats de son enquête menée du 24 juillet au 23 septembre 2020, qui décrypte l’impact du premier confinement durant l’épidémie de Covid-19 sur le recours à des consultations et à des actes médicaux en population générale.

Contexte de l’enquête:

  • Parmi les premiers constats, début avril 2020, l’alerte des professionnels des urgences et des professionnels de ville sur « la diminution considérable de la demande de rendez-vous, d’appel ou de venue pour d’autres motifs que la suspicion de coronavirus » (1).
  • Les études menées par EPIPHARE (2) ont montré une sous-consommation de médicaments pour les pathologies chroniques pendant la période du premier confinement (de mi-mars à mi-mai 2020), et notamment une réduction de moitié environ de l’instauration de traitements pour de nouveaux patients, tel que publié dans son 3ème rapport en juin 2020.
  • Egalement, l’Assurance Maladie a mesuré une diminution drastique des dépenses de soins de ville sur l’ensemble du territoire au cours de la 1ère période de confinement, tel que publié dans son dernier rapport annuel « Charges et Produits » (3) en juillet 2020.

Face aux interrogations soulevées par ces premiers constats, l’Assurance Maladie, en partenariat avec Odenore (4), lançait en juillet 2020 une enquête en ligne sur l’accès aux soins pendant le confinement. Elle visait à estimer l’ampleur, la nature et les raisons de ces phénomènes de renoncement et mieux identifier le profil des personnes concernées par les difficultés d’accès aux soins. Le questionnaire, à destination de la population générale et sur la base du volontariat, a été ouvert du 24 juillet au 23 septembre 2020. Sur plus de 7 000 répondants, 4 236 questionnaires ont été complétés en totalité.

Parmi les résultats de cette enquête :

  • Près de 2 personnes sur 3 déclarent avoir renoncé à leur initiative à au moins un soin ou acte dont elles avaient pourtant besoin pendant la période du premier confinement. Les soins de 1ers recours sont les plus concernés par un renoncement ou un report.
  • Les raisons les plus évoquées sont l’impossibilité matérielle d’accès au soin, l’appréhension d’une contamination éventuelle et la volonté de ne pas surcharger les professionnels de santé.
  • Le phénomène de non-recours aux soins est plus marqué chez les femmes et les personnes en situation de fragilité sociale (situation de monoparentalité, inactivité hors retraités, précarité multidimensionnelle).

À terme, les résultats de l’enquête devraient contribuer à anticiper les potentielles conséquences du renoncement aux soins et à mettre en place des actions pour y remédier, indiquent les auteurs.

Pour plus d’informations, voir le rapport complet.


(1) Le Quotidien du Médecin.fr, 06/04/2020,

(2) EPIPHARE  est un Groupement d’intérêt scientifique (GIS) ANSM-CNAM menant des études pharmaco-épidémiologiques à partir des données de remboursement du Système national des données de santé (SNDS). Dans le contexte sanitaire de l’épidémie de Covid-19 il a quantifié l’évolution de l’utilisation des médicaments de ville prescrits en France, en lien ou non avec la Covid-19, depuis le début de l’épidémie. Le nombre de consommants par classe thérapeutique a été mesuré chaque semaine et comparé au nombre «attendu de consommants pour la période donnée.

(3) L’Assurance Maladie publie annuellement un rapport sur l’Evolution des Charges et des Produits, depuis la loi d’août 2004 loi d’août 2004 dans le cadre de la préparation de la loi de financement de la Sécurité sociale

(4) Observatoire des non-recours aux droits et services, dispositif de recherche du Laboratoire de Sciences sociales PACTE du CNRS et de l’Université Grenoble-Alpes