Mettre le concept de santé globale (global health) en discussion, à la lumière de la crise pandémique actuelle, nous oblige à l’inscrire dans une double filiation.

La première, la plus évidente, tient au fait que la santé globale soit d’abord une réponse à la globalisation des enjeux de santé. La santé est alors dite globale de par l’échelle à laquelle nous souhaitons rendre pertinentes les interventions de santé publique. La façon dont la maladie COVID-19 s’est propagée dans le monde, et le besoin de réponses concertées au niveau international qu’elle a suscité, rendent d’autant plus urgent la prise en compte de la santé globale dans sa dimension géographique et géopolitique. Cette nécessité se manifeste notamment en termes de justice sociale face à la pandémie.

Mais une autre filiation, plus récente, vient compléter et enrichir ce premier axe, avec le concept « une seule santé » (one health). Si la santé peut être dite globale ici, c’est dans le sens d’un décloisonnement des préoccupations où santé humaine, santé animale et santé environnementale se pensent ensemble. En marge des discussions sur les mesures barrières, sur les stratégies thérapeutiques ou de vaccination, nous avons effectivement vu émerger une préoccupation plus transversale et anticipatrice autour des liens entre enjeux sanitaires et écologiques. Il a été rappelé que 75 % des maladies infectieuses émergentes chez l’humain proviennent du monde animal, qu’il existe un lien entre pandémie et dégradation des écosystèmes, entre la hausse du nombre d’épidémies, la perte de biodiversité et l’augmentation du bétail (Serge Morand), et qu’il nous faut documenter et comprendre ces liens entre santé et biodiversité (Claire Lajaunie). En ce sens, des voix se sont élevées pour exiger que la recherche sur les zoonoses, sur les origines animales des épidémies ne soient pas négligées (Didier Sicard). Se rendre ainsi plus attentif aux signaux d’alerte (Frédéric Keck), investir plus d’efforts pour une santé globale, intégrant la santé des écosystèmes, des végétaux, des animaux et des humains, penser des approches intégrées de la santé où le global ne s’oppose pas au local, aux situations, aux contextes, où les enjeux de justice sociale ne s’opposent plus aux défis soulevés par la rencontre des crises pandémique et écologique : c’est en cela que la santé globale est un enjeu indissociablement scientifique, éthique et politique.

Coordination scientifique de la journée : Léo Coutellec, maître de Conférences en épistémologie et éthique des sciences contemporaines, responsable de l’équipe « Recherches en éthique et épistémologie » (R2E), Université Paris-Saclay, INSERM, CESP U1018, membre du Conseil pour l’éthique de la recherche et l’intégrité scientifique (POLETHIS) et de l’Espace de réflexion éthique Ile-de-France.


  • Date : Lundi 7 juin, 9h-13h (CET)
  • Lieu : en visioconférence (le lien de connexion vous sera communiqué quelques jours avant la conférence)

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