Bonjour, que dirais-tu pour te présenter ?
Je suis un ancien interne de santé publique de Montpellier, et je travaille actuellement à l’Institut National du Cancer à Boulogne Billancourt.
Que fais-tu dans ton poste actuel ?
Je suis responsable du département Observation Veille et Évaluation à l’INCa, où j’encadre 16 personnes. C’est un poste de manager, axé santé publique. Les thématiques principales sont l’épidémiologie, l’évaluation, l’analyse et le traitement de données, les systèmes d’information et la veille. Le service apporte son expertise scientifique et technique. Par exemple nous avons contribué à la renégociation de la convention AERAS, pour permettre d’assurer les personnes ayant survécu à leur cancer sans surprime et sans exclusion à partir d’un certain temps. C’est un des charmes de notre spécialité : pouvoir mettre en œuvre des actions pour le public, avec un réel impact.
Pourquoi avoir choisi la santé publique ?
En fin d’externat j’hésitais entre la santé publique et l’immunologie – rhumatologie. Je désirais rentrer dans le monde de la recherche, comprendre les mécanismes, découvrir les nouvelles étiologies, les nouveaux traitements… J’apprécie également les nombreux échanges qui peuvent avoir lieu dans notre spécialité. Cela m’a fait choisir la santé publique.
Peux-tu nous raconter ton parcours théorique en santé publique ?
J’ai un parcours théorique plutôt complet : docteur en Médecine, DES de Santé Publique, DESC d’allergologie et d’immunologie clinique, doctorat d’université, école doctorale I2S (Information, Structures, Systèmes), spécialité biostatistique et HDR (Habilitation à Diriger des Recherches). 4 Diplômes Universitaires : éducation santé et thérapeutique du patient ; Pédagogie médicale et aide à la communication ; Hygiène hospitalière, et évaluation, économie de la santé et qualité de Vie. M1 : Épidémiologie et Recherche Clinique, Biostatistique et Modélisation, Immunologie et Immuno-pathologie, Cytologie et Histologie. M2 : Méthodes d’analyse des Systèmes de Santé
Diplôme de Statistique Appliquée à la Médecine – Centre d’Enseignement de la Statistique Appliquée à la Médecine et à la Biologie Médical (CESAM) – Option Statistique en Recherche Clinique et Epidémiologie – Principes et méthodes quantitatives
Et parmi toutes ces formations, y en a-t-il une sur laquelle tu aimerais particulièrement revenir ?
Le DU d’hygiène : c’est celui qui a dû m’apprendre le plus, car il vise la vraie vie. Cela change des autres formations qui apprennent les protocoles, et les statistiques (qui sont importants à connaître). Mais la démarche qualité, et se placer dans des conditions réelles où l’on ne peut pas maîtriser tous les paramètres, et sûrement pas tous en même temps ; cela permet d’apprendre beaucoup. J’aime pour cela la devise « Plan, Do, Check, Act » qui permet de gravir les échelons de qualité.
As-tu occupé d’autres postes avant l’INCa ?
Juste avant d’arriver à l’INCa, j’ai eu un poste d’ingénieur hospitalier à Nîmes pendant quelques mois à la sortie de mon clinicat en Département de Biostatistique, Épidémiologie, Santé Publique et Information Médicale à Nîmes.
Avant ça, j’ai réalisé un post doctorat dans le Respiratory Epidemiology and Public Health Group, à l’Imperial College de Londres. Il m’a permis de me consacrer à plein temps sur ma thèse de sciences. Sa réalisation a été possible grâce à une bourse de projets européens.
Tout ton parcours semble bien complet. Tu as dû bien le planifier dès le début ?
Oui et non. C’est important de préparer les choses à l’avance, cela facilite leur déroulement. Cependant on a toujours des surprises : j’avais prévu mon parcours théorique en visant un poste de PU-PH hospitalier. C’est bien éloigné de mon poste actuel.
Quelles sont les compétences importantes à acquérir au cours de l’internat selon toi ?
Sur le plan théorique, la méthode et la rigueur qui sont importantes pour un médecin de santé publique. De façon plus pratique, avoir une ouverture d’esprit et comprendre que l’on est à la croisée des chemins et que c’est là que se trouve notre expertise.
Au niveau des stages qui sont proposés, as-tu des conseils ?
Oui, celui de passer partout. La spécialisation se fait par la suite. Et pour savoir ce que l’on aime, il faut bien passer partout, pour découvrir les différents services. Pour cela deux options : soit dans votre ville si elle propose ce qu’il faut, sinon ne pas hésiter à faire des inter-CHU.
Quels conseils donnerais-tu aux actuels internes de santé publique ?
– Éviter de perdre du temps, passer un maximum de formation dès le début, car plus le temps passe et plus ce sera difficile de s’y remettre.
– Développer votre expérience aussi en dehors de vos stages. J’ai par exemple beaucoup apprécié de faire de l’enseignement.
– Ne pas hésiter à bouger, nous avons une spécialité qui s’y prête. J’ai attendu la fin de mon internat, mais partir à Londres était vraiment une super expérience.
– L’internat de santé publique est très large, et chacun peut en faire ce qu’il veut. Il faut en profiter et faire vraiment ce que vous souhaitez, faire vos choix. Et n’oubliez pas qu’on apprend de chaque décision : soyez fiers de vos réussites, et assumez vos échecs, car vous apprendrez beaucoup des deux.
Propos recueillis par Audrey Tanguy, ISP à Paris